Trois ans après la sortie du polar À couteaux tirés, et suite à une publicité quasi inratable, Netflix en a enfin publié le second opus, Glass Onion. Les téléspectateurs se déchaînent sur la toile, et leurs avis sont diamétralement opposés. Alors, Glass Onion, à fuir ou à voir absolument ? ToddTV s’empare de son couteau — pardon, son clavier — , et vous aide à trancher.
Une histoire à couteaux tirés, vraiment ?
Tout d’abord, pas de couteaux dans cet opus, même s’il en faudra pour éplucher l’oignon titre. Ce sous-titre en a donc déconcerté certains, puisque le seul lien entre Glass Onion et le premier film est l’enquêteur Benoit Blanc : une toute autre affaire, une autre époque, un autre cadre géographique. Seule une ou deux allusions nous rappellent sa première enquête, sans être utiles à la résolution de la nouvelle. Inutile donc de les regarder dans l’ordre. Le réalisateur lui-même, Rian Johnson, a déploré l’intégration du titre « À couteaux tirés » dans ce nouveau volet, qu’il concevait donc comme totalement indépendant du premier.
L’intrigue : le milliardaire Miles Brown (Edward Norton) invite son groupe d’amis à le rejoindre sur son île, afin de résoudre le mystère de son propre meurtre. Mais si Benoit Blanc (Daniel Craig) a été mystérieusement invité, c’est parce qu’il ne s’agit pas que d’un jeu : encore une fois, il va devoir mettre au jour les petits secrets de chacun, afin de démasquer le tueur qui se cache parmi eux.
Un mystère reposant plus sur la narration
Contrairement au premier opus, le mystère de Glass Onion repose plus sur la narration qui cette fois est non-linéaire, d’où l’idée de l’oignon, multicouches. Sans elle, l’on comprendrait dès le début qui est le meurtrier, alors que À couteaux tirés nous proposait de résoudre peu à peu l’enquête en recoupant les indices et en croisant les différentes versions de l’histoire présentées par chaque personnage. Ici, même si la « loi du scénario » laisse facilement deviner dès le début l’identité du tueur, l’on ne peut en être sûr ni comprendre réellement l’histoire qu’avec la révélation des événements qui ont eu lieu avant l’arrivée sur l’île.
L’on se met donc moins dans la peau du détective, l’on prend plus de recul par rapport au film qui est plus vu sous l’angle de ses rouages narratifs, même si la récolte de quelques indices peut appuyer nos soupçons.
Une critique un peu trop grossière
Cette nouvelle enquête se déroule donc en Grèce, en 2020, une période qui a occasionné des éléments de scénario dont on se serait bien passé. Les références et la moralisation liées à la pandémie sont si grossières que le moment du regroupement des personnages nous fait totalement sortir de l’univers du film, et nous donne l’impression d’être tombés sur une publicité gouvernementale sur les gestes barrières. En outre, le masque disparaît au bout de quelques minutes grâce à une sorte de remède magique, ce qui enlève donc encore du réalisme au film.
Cela participe à une volonté de critiquer les ultra-riches, à travers des comportements comme leur réaction à la pandémie (des masques qui ne servent à rien ou qu’ils ne portent même pas, des embrassades), ou le rassemblement autour de la « poule aux oeufs d’or », qui sera lui aussi traité de façon assez grosse. Le jeu des acteurs est donc volontairement caricatural, à part celui de Janelle Monáe, dont le personnage se détache des autres et est plus mystérieux.
On aimera donc ou pas ce côté satirique très voyant, pour ma part, je n’ai pas aimé, et ai trouvé ces moments ennuyants.
De multiples références
Pour rester dans l’évidence, le film nous propose également de nombreuses références, plus ou moins subtiles, que les spectateurs pourront s’amuser à chercher. On retrouve notamment très facilement la personnalité d’Elon Musk en Miles Brown, tourné au ridicule dès le début du film. Dans la même idée, Kanye West s’est invité dans le décor de la demeure de Miles.
Le film contient également beaucoup de caméos, nous montrant à l’écran Hugh Grant, Angela Lansbury, ou encore Jessica Fletcher, de quoi ravir leurs fans.
Enfin, l’intrigue en elle-même rappelle le roman d’Agatha Christie Ils étaient dix : un groupe de personnes confinées, et parmi elles, un meurtrier. Cependant, on ne retrouvera pas vraiment le suspense et le rythme attendus pour cette configuration. Notamment, le fait que l’on ne prend la mesure du danger qu’à la moitié du film entraîne une installation tardive de la tension. Celle-ci retombe malheureusement assez vite, ce qui fait que j’ai trouvé le reste du film assez mou, cependant c’est un moment fort que j’ai beaucoup apprécié.
Pour conclure, je n’ai pas trouvé que le niveau du film correspondait à l’engouement autour de sa sortie, mais je ne regrette pas non plus de l’avoir vu, car il offrait quelques moments drôles, forts et palpitants. Je retenterai l’expérience pour le troisième opus (ce que j’aurais fait même si j’avais détesté Glass Onion, car j’ai beaucoup aimé À couteaux tirés). J’espère cependant qu’on retrouvera l’originalité qui caractérisait le scénario du premier, et que l’on y en apprendra un peu plus sur Benoit Blanc, qui reste un personnage assez vide. Un dernier conseil : pour ceux qui, comme moi, sont excédés d’entendre partout la voix de la doubleuse Dorothée Pousseo, évitez la VF !